Le projet d’articles de 2011 contient plusieurs dispositions relatives aux contre-mesures, portant en particulier sur celles que peuvent prendre les organisations internationales en réaction au fait internationalement illicite d’un État ou d’une autre organisation. De telles contre-mesures sont fréquentes dans la pratique internationale mais sont susceptibles de poser problème, notamment lorsqu’elles sont dirigées contre un État membre de l’organisation. En tel cas, le risque est grand d’une confusion entre contre-mesures et sanctions corporatives, laquelle est source de danger pour les organisations internationales. Adoptant ou croyant adopter des sanctions, ces organisations sont en effet susceptibles de se voir reprocher de n’avoir pas respecté les conditions des contre-mesures et, partant, d’être elles-mêmes la cible de contre-contre-mesures de la part d’États sanctionnés. Cet article met en lumière l’existence et l’acuité de ce risque et montre qu’il n’a pas été suffisamment pris en compte dans la version finale du texte de la CDI.

Several articles of the 2011 ILC text are dedicated to countermeasures taken by international organisations in respect of an internationally wrongful act of a state or another international organisation. In practice, such countermeasures are quite usual but could give rise to international law difficulties, particularly when they are directed against a member state of the organisation. In such a case, there is a risk of confusion between countermeasures and institutionalized corporate sanctions, which is a source of danger for international organisations. Should they intend to adopt sanctions, they may be accused by states of failing to comply with the requirements of the international law relating to countermeasures and  be accordingly targeted by counter-countermeasures taken by sanctioned states. This paper shows that this risk has not been adequately taken into account by the ILC, and suggests that other solutions should have been considered.