Abstract 2016/2 p. 599

Par un arrêt du 21 décembre 2016, la Cour de justice de l’Union européenne s’est prononcée sur la légalité en droit européen et international de la conclusion d’un accord de 2012 entre l’Union européenne (UE) et le Royaume du Maroc relatif aux mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de la pêche. Le Front Polisario critiquait la légalité de cet accord, dans la mesure où il produit de facto ses effets sur le territoire du Sahara occidental, dont 80 % se trouve sous contrôle marocain. Au prix d’une interprétation excessivement formaliste, difficilement compatible avec le droit des traités, la Cour conclut à l’inapplicabilité de l’accord de libéralisation au territoire du Sahara occidental, privant de tout objet la requête en annulation du Front Polisario, déclarée irrecevable. Optant pour une voie lui permettant de préserver l’accord de libéralisation, la Cour laisse de côté des questions essentielles concernant le respect des droits du peuple sahraoui par l’UE, en s’abstenant de se prononcer sur la capacité du Front Polisario à agir en annulation et en ne déterminant pas explicitement quelles obligations de fond s’imposent à l’UE, comme conséquence du statut particulier du Sahara occidental et de l’occupation marocaine.

In a judgment dated December 21, 2016, the Court of Justice of the European Union ruled on the legality in European and International Law of the conclusion of a 2012 agreement between the European Union (EU) and the United Kingdom of Morocco on reciprocal liberalization measures on agricultural products and fisheries. The Polisario Front criticized the legality of this agreement, insofar as it produces de facto its effects on the territory of Western Sahara, of which 80% is under Moroccan control. At the price of an excessively formalistic interpretation, which is difficult to reconcile with the law of treaties, the Court concludes that the liberalization agreement is not applicable to the territory of Western Sahara, declaring the Polisario Front as having no standing to seek annulment of the agreement and thus its action inadmissible. Opting for a path allowing it to preserve the liberalization agreement, the Court leaves aside essential questions concerning the respect of the rights of the Saharawi people by the EU, refraining from deciding on the Polisario Front’s capacity to act in annulment and by not explicitly determining what substantive obligations are binding on the EU as a consequence of the special status of Western Sahara and the Moroccan occupation.  

 
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