Abstract 2020/1 p. 192

Le bilan de l’institution mandataire ne peut guère se faire dans l’absolu. Elle doit se faire en filigrane de l’expérience coloniale (dimension rétrospective) et dans l’optique de l’administration fiduciaire de l’ONU (dimension prospective). Il convient dès lors de se pencher sur ce que représenta le mandat de la S.d.N. dans le panorama historique du début du vingtième siècle. Le mandat de la S.d.N. s’inspira, certes, de la gestion coloniale, surtout aux yeux des contemporains, pour lesquels le colonialisme était le « fardeau de l’homme blanc » au bénéfice des peuples non civilisés. Toutefois, il comporte aussi des différences structurelles fondamentales par rapport à la notion de colonisation. C’est notamment la finalité - la mission civilisatrice - et la relation triangulaire (S.d.N., territoire, Mandataire) qui tranchent singulièrement avec l’institution coloniale, pour ne pas mentionner l’absence de souveraineté en chef à la puissance mandataire. La relation triangulaire fait référence tout particulièrement au contrôle qui est censé l’incarner. Le contrôle par la S.d.N., au travers de ses différents organes, marque une différence notable par rapport au système colonial, instaurant ainsi pour la première fois dans l’histoire des relations internationales une forme sophistiquée d’administration internationale indirecte.

The balance sheet of the mandate institution can hardly be drawn in the absolute. It has to be done in the context of the colonial experience (retrospective dimension) and from the point of view of the UN’s trusteeship administration (prospective dimension). It is therefore necessary to consider what the Mandate of the League of Nations represented in the historical panorama of the early twentieth century. It was certainly inspired by colonial system, especially in the eyes of contemporaries, for whom colonialism was the "White Man’s burden" for the benefit of uncivilised peoples. However, it also had fundamental structural differences from the notion of colonisation. In particular, it is the purpose - the civilising mission - and the triangular relationship (LoN, territory, Mandate) that stand in sharp contrast to the colonial institution, not to mention that the Mandatory Power was not the holder of sovereignty over the mandated territory. The triangular relationship refers particularly to the control that is supposed to embody it. Control by the LoN, through its various organs, marks a notable difference from the colonial system, establishing for the first time in the history of international relations a sophisticated form of indirect international administration of territories.

 

 
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